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EMPLOI La filière a besoin de compétences en électronique, en gestion...

Mécanique (ci-dessus, une chaîne moderne de semis), électronique, gestion du climat et des énergies, gestion des coûts de production, et gestion d'entreprise font partie des compétences indispensables à acquérir au vu des évolutions technologiques.

Face aux évolutions des métiers du secteur horticole, certains savoir-faire manquent à l'appel et freinent le développement des entreprises. Témoignages de producteurs et de fournisseurs rencontrés au Salon du chrysanthème, l'an dernier, aux Riceys (10).

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Dans le dossier spécial Formation du Lien horticole n° 960-961 (du 17 février 2016), nous avons abordé les compétences attendues par certains acteurs de la filière, notamment en adaptabilité et en marketing en lien avec le design de produit. Les besoins se font également sentir fortement en mécanique, électronique, informatique ou gestion. En matière de technologies en général et de nouvelles technologies en particulier, le secteur a également des attentes croissantes.

Obtenteur de cyclamens et producteur de jeunes plants, Philippe Eyraud l'affirme : « Nous, horticulteurs, avons en permanence besoin de personnes qui sachent améliorer et optimiser la partie technologique de l'entreprise. Tout évolue : il faut s'adapter de plus en plus vite concernant les énergies et les équipements de chauffage, savoir redimensionner les pompes, les moteurs... » Ce que confirment deux jeunes producteurs (Ets Desrumaux), visiteurs du Salon : « Pour notre activité, il nous manque surtout des compétences d'électriciens et des personnes capables d'intervenir en électronique, en maintenance sur tout ce qui est mécanique. »

Pour Pierre Aldebert, fabricant de machines horticoles (dont les rempoteuses), les connaissances en mécanique générale de niveau bac ou BTS sont essentielles pour avoir une vue globale sur les machines. « Avec l'évolution des technologies dans les serres, il faut connaître les rudiments de l'électronique avec des cartes assez simples. Elles sont souvent très spécifiques à chaque constructeur. » Et il ne faut pas oublier les débouchés dans l'industrie horticole, en particulier sur les activités liées à la mécanique. Un fabricant de poteries, spécialisé dans la plasturgie, a surtout besoin de techniciens sur machines qui soient également mécaniciens spécialisés en informatique et en électronique. « Il est difficile de recruter, même en alternance ou en contrat de professionnalisation. C'est un véritable problème. Et pour remplacer ponctuellement un chef d'équipe en intérim, il n'y a pas assez de mécaniciens formés », regrette le fabricant.

Informatique

DÉLÉGUER À SES EMPLOYÉS

Selon le réseau des Artisans du végétal (Horticulteurs et pépiniéristes de France - HPF) qui développe des services très variés pour ses adhérents producteurs, certains salariés peuvent seconder leurs patrons, notamment autour de l'informatique, des logiciels et des nouvelles formes de communication. Ce que confirme un jeune producteur : « Quand l'entreprise n'est pas à l'aise ou n'en a pas le temps, il est possible de faire participer les personnels motivés à l'évolution d'un site Internet, aux contacts sur les réseaux sociaux... Parfois, une petite formation suffit pour mettre à jour ou adapter les connaissances. » Et Basile Dubois, du réseau HPF, de préciser : « Nous avons de plus en plus de secrétaires, de stagiaires, de chefs d'équipe, notamment des responsables de points de vente, qui suivent nos formations, alors qu'elles sont, au départ, prévues pour les chefs d'exploitation. Il est urgent que les compétences recherchées aujourd'hui soient davantage incluses dans les programmes d'enseignement. »

Hervé Billon, de Gartenbau Versicherung, insiste, lui aussi, sur le besoin de connaissances pour être à l'aise avec les nouvelles technologies. Il constate les besoins créés dans tous les types d'industries, avec beaucoup de tâches sur tablette numérique. La Graine informatique, quant à elle, recrute des informaticiens de formation, mais pas uniquement : « Nous avons aussi besoin de commerciaux qui puissent s'adapter et de personnes pédagogues qui sachent expliquer nos services. Ils deviennent nos formateurs dans les entreprises horticoles. Peu importe leur filière d'origine pourvu qu'ils aient une assez bonne culture en matière d'économie et de gestion. »

Par ailleurs, une bonne pratique des langues étrangères revient souvent dans les attentes exprimées. Un fournisseur de terreaux et de supports de culture l'assure : « L'anglais, on ne peut plus s'en passer, même si on est en poste en France, afin de pouvoir échanger avec les collègues ou les clients à l'international. » Ce que confirme un fournisseur d'engrais : « En France, les études devraient être plus ouvertes pour pouvoir échanger avec l'international, mieux traduire les documents commerciaux, mieux les adapter à l'export. Il faut davantage de pratique réelle des langues pendant les formations ou d'apprentissage in situ. Et si la formation ne le prévoit pas, les expériences à titre personnel sont très positives et profitables. »

Gestion d'entreprise

SAVOIR NÉGOCIER LES VENTES

Le réseau HPF estime qu'il est important que les jeunes sortent de l'école avec des compétences en gestion et avec un esprit de chef d'entreprise, qu'ils aient de solides notions en matière de business plans, de plans de communication. Yves Voisin, responsable de La Graine informatique, indique pour sa part : « Les jeunes maîtrisent assez bien les nouvelles technologies et leurs usages. C'est leur vie courante. Et d'année en année, nous faisons des logiciels toujours plus simples et intuitifs, utilisables de plus en plus avec les téléphones et les iPads. Ce qui pourrait plutôt manquer à ceux qui visent nos métiers, ce sont des formations à la gestion et aux raisonnements en économie : les bases sont cruciales. Sinon, ils passent à côté de solutions tout à fait personnalisables et d'arguments pour leurs négociations. Les logiciels permettent de pratiquer des prix à la carte, par client. Or les producteurs manquent souvent de repères sur les coûts, les marges... »

Odile Maillard

Basile Dubois, d'HPF, réseau qui propose, entre autres, des formations spécifiques à cet effet, rappelle l'importance de chacun de ces savoir-faire.

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